Nayò

En tombant sur le profil Instagram de Nayò, il ne m’a fallu que quelques secondes pour être conquis par son art profondément unique. Ses couleurs flamboyantes, sa sensibilité palpable et son univers hors du commun ne pouvaient que forcer ma curiosité et m’inciter à rencontrer l’artiste. J’ai donc contacté Nayò sur le champ. Après quelques mois, cette artiste très en demande et moi avons fini par nous rencontrer par appel vidéo, où j’ai pu découvrir sa personnalité et son univers artistique fascinants.

J’avoue avoir un peu forcé la main à Nayò pour cet appel, car elle avait quelques craintes quant à sa capacité à être comprise en anglais, compte tenu du fait qu’elle est lusophone (du Brésil). Pour une raison qui m’échappe, je n'en avais aucune, et cette entrevue s’est effectivement avérée être des fluides, des plus agréables et des plus enrichissantes pour moi (et j’espère pour elle aussi).

Autant qu’elle se souvienne, Nayò a eu une attirance pour l’art dès l’âge de 4 ans. Elle a été influencée par sa mère, elle-même artiste à ses heures perdues. Cette attirance pour l’art la suivra tout au long de son enfance et son adolescence, où Nayò a notamment l’occasion de perfectionner ses compétences en dessin et de découvrir la peinture à la Shonan Gakuen High School à Fusijawa (Japon) pendant un an.

De retour au Brésil, elle doit faire face au « réalisme » de ses parents qui, même s’ils apprécient l’art, ne voient pas en cette discipline une profession financièrement viable. Ainsi, quand vient l’heure de suivre ses études universitaires, Nayò décide de s’inscrire en architecture et en urbanisme (par manque de confiance en son potentiel artistique, me confie-t-elle). C’est également pour elle un choix stratégique puisque ce programme implique de dessiner et de laisser libre cours à une certaine créativité.

Au fil de ses études universitaires, Nayò continue de s’accrocher à sa passion artistique et de s’y adonner rigoureusement. Elle va jusqu’à décrocher un emploi à temps partiel en tant qu’assistante artistique auprès de Brendon Reis, artiste-plasticien brésilien bien établi. Naturellement, Nayò fini par montrer ses œuvres à Brendon, qui remarque son fort potentiel artistique et décide de les soumettre à Galeria Radiante, une galerie située à Rio de Jainero.

Dès lors, les choses s’enchaînent à vitesse grand V. Nayò dispose de 15 jours pour soumettre 3 œuvres pour une exposition à Galeria Radiante, ce qu’elle réussit avec brio. Et là, les portes du monde artistique s’ouvrent en grand. Nayò collabore avec Galeria Radiante, ce qui lui donne accès à des expositions et à des foires artistiques importantes et de renommée, dont ArtRio, l’un des événements artistiques annuels les plus importants d’Amérique latine. La suite de l’ histoire n’est essentiellement qu’une succession de succès.

Aujourd’hui, Nayò est artiste à plein temps au sein du collectif Sertão Negro, un quilombo* culturel (techniquement une terre de l’arrière-dédiée aux artistes) créé par le célèbre artiste brésilien Dalton Paula à Goiânia, dans l’État de Goiás. Sertão Negro propose des cours d’art et d’écologie ainsi qu’un studio d’art pour les artistes issus des communautés noires, indigènes et LGBTQ+. Dans ce quilombo, les habitants vivent selon un système communautaire qui honore les modes de vie traditionnels.

À ma question « D’où puise tu ton puises-tu ton inspiration? », Nayò m’a donné une réponse que j’ai trouvé des plus authentiques. « Je suis ma propre inspiration. J’ai pris tellement de temps à trouver qui je suis que je veux juste célébrer mon identité et mon univers artistique. Mon art parle de moi. » Quant à son rêve artistique, je n’ai pu me retenir de sourire en l’écoutant : « Mon rêve est d’être une artiste. Avant, je craignais toujours de l’être. Aujourd’hui, je vis mon rêve et laisse la vie me porter… En y repensant bien, je veux voyager, avoir un studio à l’étranger. Pourquoi pas New York… » Je n’ai par ailleurs pu passer outre le fait que sa créativité s’étend à ses tenues vestimentaires, ce qu'elle a confirmé en exprimant son vif intérêt pour la mode et son admiration pour Erykah Badu.

En résumé, voilà une artiste qui a su courageusement embrasser sa passion et qui, sans aucun doute, est destinée à atteindre des sommets remarquables dans le monde de l’art.

Merci énormément, Nayò, pour cette rencontre si plaisante et si enrichissante. J’ai sincèrement adoré faire ta connaissance et continuerai de suivre ton évolution.

Vous pouvez la suivre ici : https://www.instagram.com/nayo.arte/?hl=en

Emplacement : Goiâna (État de Goiás), Brésil

*Un quilombo, du mot Kilombo ((qui signifie littéralement « camp de guerre » en kinbundu, la deuxième langue bantoue la plus parlée en Angola) est un établissement de l'arrière-pays brésilien fondé par des personnes d'origine africaine (historiquement des Africains asservis qui se sont échappés des plantations).